• Lettre à J.

    Mon amour,

                         "Ta voix qui monte ou descend,"

    Je veux vivre. Croquer la pomme quitte à m'en brûler les lèvres.

    J'ai redécouvert tous ces plaisirs immatures et enfantins : comment avoir osé oublier le bonheur généré par une simple bataille de boules de neige. Jouer avec la matière, l'air emplit de rires amis, jusqu'à en avoir mal aux mains.

                       "Ton regard omniprésent,
                        Se fixant ici, là, partout,
                        Et mon coeur à genoux"

    Après le temps de la lutte amicale, celui des cris. Me prendre pour une apache, boulevard du Montparnasse, ou pour une de ces jolies japonaises à l'excentricité et la spontanéité si touchantes : "Mushi! Mushi!"
    Désintégrer, ne serait-ce que provisoirement, tout souci dans un tourbillon de sourires. Et puis séduire. En séduisant les autres, je me séduis moi-même.

                       "L'émerveillement me prend,
                        emplit mon corps déjà débordant"

    Hier soir je me suis oubliée, j'ai joué à être une autre. Cette danseuse lancinante et fascinante, cette jeune femme attirant et attisant en se déhanchant sur la table, c'était moi. Cette "presque putain" de provocation, reine sur son promontoir, oui c'était moi. Et j'ai adoré cela.

                       "Le son se fait mélodie,
                        Sous tes doigts qui m'oublient"

    Mais je ne dansais que pour toi en fin de compte, mon amour. Ces yeux brûlants essayant de me pénétrer, je ne faisais que les balayer. Inaccessible. La toundra enveloppant l'Etna. Hors de portée malgré la prosmicuité chaleureuse de ma danse. J'ai joué, je me suis oubliée et plus que tout, je me suis adorée. Prêtresse et déesse à la fois.
    Et en ce moment même, les enceintes chantent du Benson.

                       "Après l'hiver vient le printemps,
                        Mais nous sommes morts bien avant"

    J'ai roulé des hanches voluptueusement, ai passé mes mains sur mon corps en gestes sensuels uniquement, fait des va-et-vient de haut en bas, mais surtout j'ai laissé la musique m'envelopper, me posséder et me mouvoir. Je n'écoutais plus la musique, j'étais bien au-delà : j'étais la musique et elle était moi. J'étais la plainte langoureuse des cuivres et des guitares, j'étais la baguette venant embrasser le tambour. Et l'embraser bien sûr, mon amour.

                        "Je t'ai suivi mais tu étais déjà loin,
                         J'ai couru mais je n'y pouvais rien"

    J'étais objet de désir et d'envie, j'ai aimé cela plus que tout. J'ai abandonné le combat et laissé mon corps prendre le relais et s'exprimer, beaucoup l'ont trouvé merveilleux et plein de grâce, ce dont je ne doute pas un instant puisqu'en fin de compte mon corps s'est simplement fait déclaration d'amour : j'ai tout simplement regoûté au jeu de la séduction. Mais l'objet de mon désir restait absent.

                         "Comme au premier soir j'ai crié,
                           Du fond de notre nuit noire et glacée"

    Je ne dansais que pour toi. J'imaginais tes yeux me transperçant, ton regard de cobra me déshabillant. Je n'étais plus que provocation et séduction. Je me suis emportée et enflammée. "Tout pour la musique", tout. Mon corps et mon âme. Mon coeur. Mes hanches et mes mains. Mes jambes et mes seins. Ma jolie cambrure, dont j'ai ouvertement abusé, mon tour de reins. Le désir perlant à la commissure de mes lèvres gonflées.

                          "Il était trop tard pour les amants,
                           Où es-tu mon Prince charmant?"

    Envie que tu t'égares à nouveau au creux de mes reins.

    Envie de tes lèvres contre ma peau fièvreuse.


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