• Déménagement

    10h30

    Paris, rue d'Alésia.

    Un tout petit studio où dorment deux personnes. Il y fait sombre et on ne peut voir le sol tant une multitude d'objets divers en recouvre le moindre centimètre. L'endroit se révèle étouffant de par sa surface plus que restreinte. Assis sur le lit, tendre un bras suffit amplement pour atteindre la cuisine, quatre pas pour se retrouver sour la douche.

    Zoom sur les visages de nos deux endormis blonds. Leurs traits sont tirés par la fatigue, le sommeil se devine lourd, profond.

    C'est alors qu'un tapage soudain voit le jour.

    Amandine, tambourinant à la porte : "DEBOUT LA-DEDANS, CA SUFFIT LES BELLES AU BOIS DORMANT, DEBOUUUUUT!"

    Nicolas, professeur de théâtre : "Voici l'heure ô combien redoutée du réveil en fanfare."

    Après quelques minutes de ce tintamarre, un grognement vaguement humain se fait entendre tandis que la porte s'ouvre enfin sur un Anthony quelque peu grognon.

    La journée peut commencer.

    12h00

    Rue d'Alésia, extérieur.

    Une jeune fille brune, dont les cernes prononcées trahissent la fatigue, arrive à la hauteur d'une camionette croulant sous quelques meubles, pièces électroniques de toutes tailles et babioles variées.

    Amandine : Voilà notre retardataire!
    Céleste : Pardon, il faut remercier mon cher colocataire...
    Nicolas : -vanne aléatoire-
    Céleste : -soupir-
    Anthony : Il me faut une fille pour passer le balai.
    Amandine, Charlotte et Céleste -en choeur- : Pourquoi une fille?
    Céleste : Puisque je suis en retard et que vous avez tout fait, que soient miennes les joies du balai.

    Intermède particulièrement ennuyeux pendant que Céleste s'emploie consciencieusement à sa tâche, fortement désireuse de se faire pardonner. Toutefois, treize mètres carrés et un étage d'escalier représentent une superficie relativement vite dépoussiérée.

    Retour en plein jour, il est bientôt l'heure du départ. Alors qu'elle débouche dans la rue, Céleste évite de justesse une Amandine courant telle une fusée, comme si le Diable en personne se trouvait à ses trousses. Le Diable a ici pour nom "Anthony".

    Collision évitée d'un infime centimètre.

    Amandine réclame de l'aide au nom de la sacro-sainte entre aide féminine.

    Céleste -brandissant son balai, tel Kilik son bâton- : You shall not pass!

    Scène au ralenti. Tandis qu'Amandine disparaît au coin de la rue, Anthony se jette sur l'arme de Céleste. Touché de plein fouet à l'oreille, il y porte une main avant de s'écrouler sur le bitume, tombant lourdement sur les fesses.

    Sourire en coin du piéton parisien, habituellement renfrogné à l'extrême.

    Céleste se maudit un instant tandis qu'elle vérifie l'état de son comparse. Une fois l'absence de traumatisme constatée, elle ne peut réprimer un éclat de rire et dévale le mètre la séparant du coin de rue. Alors que, tel un étendard, son bâton embrasse le ciel dans une pose victorieuse, elle crie devant ses amis interloqués :

    "Je l'ai mis K.O !"

    Rire, cette fois-ci bien franc, de notre piéton parisien et attroupement devant un Anthony légèrement sonné alors que toute la petite troupe s'esclaffe, Nicolas caméscope en main. L'image restera.

    Aucun dégât n'étant observé, il est temps de braver les bouchons dominicaux jusqu'à la porte de Saint-Cloud.

    Après-midi

    Paris, porte de Saint-Cloud.

    Enfin arrivé à destination, le petit groupe décide de s'accorder une pause déjeuner avant le début des travaux herculéens.

    Les filles, courageuses, se dévouent pour partir à la recherche d'une boulangerie ouverte un dimanche après-midi (ne riez donc pas, la tâche n'est pas si aisée là-bas) tandis que ces paresseux de garçons en profitent pour faire "je-ne-sais-quoi" pendant trente minutes. Ce qui est certain, c'est que le "je-ne-sais-quoi" en question n'était sûrement pas constructif.

    L'heure suivante est dynamisante par son taux incroyable de bonne humeur. Certes, Anthony se montre un tantinet grincheux mais il se voit souvent joliment remis en place. Nicolas, sarcastique devant l'Eternel, trouve toujours la petite phrase pour divertir tout ce petit monde. Amandine et Charlotte se montrent d'humeur particulièrement taquine et même Céleste, finalement réveillée, s'y met.

    Toutefois, il est grand temps de passer aux choses sérieuses.

    Ambiance étudiante.

    Nicolas déniche un panneau "stationnement gênant", qu'il place amoureusement sur la place libre devant l'entrée de l'immeuble. Il décharge pendant qu'Amandine et Céleste jouent les navettes, bras chargés, entre le hall et le premier étage, entassant le trop lourd ou trop encombrant dans l'ascenseur. Anthony et Charlotte réceptionnent et rangent le tout.

    La grande question est : "Comment Anthony pouvait-il rentrer autant de choses dans un treize mètres carrés?"

    L'exercice est ponctué de poursuites diverses entre Nicolas et Amandine, batailles récurrentes entre Anthony et Charlotte. Seule Céleste reste à peu près calme. Quant à Christophe, il est porté disparu.

    Une voisine, dérangée par le bruit, demande que cessent les bagarres. Au premier étage, le charmant voisin trentenaire d'Anthony lui ordonne de baisser le ton, il n'a pas l'air enchanté par tout ce joyeux tapage : "Nous ne sommes pas dans une cité universitaire". Le Monsieur est membre du syndicat de l'immeuble et Anthony ne rigole plus, mais alors plus du tout...

    ... c'est sans compter Céleste qui apparaît subitement, toujours les bras chargés, lance un sourire poli à l'attention du voisin mécontent. Ce dernier se déride, lui adresse maints sourires à son tour, fait la conversation "Vous aménagez ici? Non ce n'est pas vous? Quel dommage, cela aurait été si  charmant".

    Pliant sous sa charge, Céleste s'excuse mais met fin à cet échange, non sans que le Monsieur propose une dernière fois ses services. Anthony est aux anges. Problème réglé.

    Ne jamais sous estimer tact et charme féminins.

    19h00

    Rue des Peupliers, Boulogne.

    La nuit tombe après de longues heures d'astiquage, dépoussiérage, montage. Anthony s'affaire au rangement avec une fougue certaine. Tout le monde est exténué. Certains commencent à manifester un mécontentement bien compréhensible à l'encontre du nouveau locataire des lieux, qui n'a ouvert la bouche que pour manifester des réprobations souvent injustifiées.

    On frôle une sournoise joute verbale, heureusement il reste quelques diplomates dans l'assistance.

    Anthony revient à la raison et la soirée se termine autour de quelques bières accompagnant une discussion agréable, avant de se poursuivre par un DVD, le tout baigné dans un nuage de fumée.

    PS : Je ne saurais que trop vous recommander le film "Sex revelations" avec notamment les merveilleuses Sharon Stone (époustouflante dans son rôle) et Chloé Sévigny. L'histoire de 3 couples de femmes à travers le siècle. Parfois drôle, caustique et grinçant aussi, globalement très touchant.


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